Mercedes-AMG G 63

Hors du temps.

Si vous étiez Shah d’Iran dans les années 70 vous rencontreriez un problème. Aucune voiture ne vous permettrait de vous balader sur sur les terrains boueux et escarpés de la province du Lorestan. Evidemment, vous n’alliez pas développer une voiture vous même. Par chance, étant donné que vous possédez 20% de Mercedes, le constructeur est déjà tout trouvé. La seule chose que vous ne saviez pas, c’est que cette “simple” demande deviendra l’une des icônes de l’automobile.

Le Classe G est un accessoire de mode dérivé du milieu de la défense. Cela n’arrive pas tous les jours. Encore heureux, me diriez-vous, que l’on ne croise pas un char Leclerc garé en double file sur le Boulevard Saint Germain, quoique, le temps d’un instant l’image serait assez drôle. Pourtant le Classe G n’a pas subi le même destin que les autres véhicules, semblant être dans une faille spatio-temporelle depuis 1979. 

La machine à remonter le temps de Mercedes est sans réel défaut, une fois que l’on comprend que ses défauts sont seulement des traits de caractère. 

Un peu d’histoire 

Pourtant ceci n’est pas exactement vrai, entre la fin des années 70 et le début des années 90, le Classe G n’était pas appelé de la sorte, mais son design était déjà reconnaissable entre tous et étaient respectivement nommés 460, 461 et 462. Le Classe G, tel qu’on l’entend est arrivé en 1990 avec le Type 463, et en 1993 la phase 2 est apparue. Donc vous me direz qu’aujourd’hui, en 2021, nous sommes au moins à la génération 467. Et bien non, depuis 2018 nous sommes seulement à la deuxième génération de la phase 2… C’est donc le seul vrai changement en 25 ans. Hors du temps comme je vous l’ai dit.

Nous avons développé un attachement pour cette armoire normande si particulier et si émotionnel qu’une consultation chez le psy s’impose. 

Voyage temporel

Pensez-y, depuis 1970 le monde a beaucoup changé, c’est une période charnière signant la fin de l’après-guerre et le début de la mondialisation. Pourtant le Classe G, lui, est resté comme s’il était né hier.

Jusqu’à ce que Mercedes décide de le renouveler, sans grande attente de la part du public, car l’attrait du Classe G venait se son aspect hors du temps et donc indémodable.

La challenge pour Mercedes était donc de rendre plus moderne un véhicule resté, intentionnellement, dans l’ancien temps. Le Classe G garde donc sa forme et ses attributs mais troque ses optiques pour des plus modernes avec toutes les commodités du XXIè siècle. Pour autant, les clignotants trônent encore fièrement sur les ailes comme s’ils mettaient le temps au défi de vieillir. 

Les arches de roues conservent, évidemment, leurs formes carrés, et, étant donné qu’il s’agit ici de la version 63 AMG, le préparateur d’Affalterbach a pensé utile de lui greffer les jantes multi-branches spécifiques d’AMG, cette fois-ci en 22 pouces. Si tel était leur choix. Le profil est aussi l’élu pour les échappements qui se logent sous la fenêtre des passagers arrière. 

La poupe se barde d’une roue de secours apparente, venant aussi équilibrer le dessin pour ne pas avoir une malle de coffre qui soit une simple perpendiculaire à la route. Les optiques sont un exercice de rétro-moderniste parfaitement maîtrisé. 

Avec le Classe G, nous avons la certitude que ces lignes resteront à jour pendant longtemps. Ce n’est pas demain la veille que Mercedes changera le design du Classe G (heureusement). Mais en prenant les modifications de ces dernières années, on peut se donner rendez-vous en 2040.

On sent le moteur gigoter dans son emplacement […] comme s’il voulait se désolidariser de son soubassement et partir loin, se loger dans une AMG GT R, là où il devrait être.

Nouveau monde

Si les technocrates de la marque à l’étoile sont restés à l’écart du design extérieur, l’intérieur, quant à lui, en a fait les frais, pour le plus grand bonheur des passagers. Je n’ai pas peur de le dire mais l’intérieur du Classe G est parmi les plus beaux de la production automobile, tant sur la présentation que sur la qualité des matériaux. Notre modèle d’essai était habbilé d’un cuir Nappa Noir, assez classique et le résultat était pourtant somptueux. Le cuir, la carbonne, l’alcantara du volant, tout se marie à merveille. Les deux grands écrans classiques de Mercedes contrastent avec l’horloge analogique de la console centrale et les 3 verrouillages de différentiel ne laissant peu de place au doute. Malheureusement, le Classe G n’est pas (encore) équipé du MBUX et de l’écran tactile consubstantiel à cette technologie. Il faut donc tout contrôler via la molette centrale, qui reste très intuitive.

La position de conduite est à l’équerre et le volant est placé à la manière camion, de plus la distance entre le combiné d’instrument et le parebrise est très réduite et on découvre cette sensation étrange d’être directement sur le capot. La banquette arrière est surélevé par rapport aux sièges avant, bloquant en parti la visibilité pour le conducteur et n’accordant pas d’espace supplémentaire pour les passagers arrières dont l’espace aux jambes restent très limité pour une voiture de 4,85 m en longueur, 1,97 m en hauteur et 2 m en largeur (oui, vous avez bien lu, le Classe G est aussi haut que large). Le coffre permet tout de même de transporter 454 litres de bagage, idéal pour 4 passagers.

Dans ce Classe G tout est exceptionnel, même les grandes surfaces vitrées droites permettent une vision à 360 degrés, idéal pour se parer des attaques d’animaux dans la savane mais aussi pour se garer dans une métropole. Et bien entendu, le bruit de verrouillage des portières raisonnant dans toute les portières, typique du Classe G. Vous l’avez compris, le Classe G est une voiture singulière.

À la barre ! 

Avant tout, il est important de dresser un tableau numéraire empirique. Il s’agit donc d’une voiture, du moins de l’interprétation d’une voiture de 2,5 tonnes, 1,96 m de hauteur, une garde au sol de 21 cm mais la mise en mouvement est faite par un V8 Bi-Turbo de 585 chevaux, permettant d’abattre l’exercice du 0 à 100 kilomètres heures en 4,5 secondes aidé par 850 Nm de couple. En lisant ces lignes votre cerveau est censé y trouver une grande confusion, comme un feu de circulation vert et rouge à la fois. S’agit-il d’une voiture de sport ? D’un franchisseur hors pair ? Soyons clair, le G 63 est plus proche d’un franchisseur que d’une voiture de sport. 

Comment aborder le sujet de la conduite, un exercice si abject pour une telle voiture. 

Dans un premier temps, le mode confort sélectionné par défaut nous gratifie par un confort remarquable, le grondement du V8 investit la cabine, d’autant plus que les échappements latéraux ne font rien pour se faire oublier. La consommation est élevée sans atteindre des niveaux astronomiques, comptez 18 litres en ville en conduite soutenue et 14 litres avec le pied très léger. Sur autoroute, un autre élément vient jouer un un rôle définitif dans la consommation, le vent. Pied léger avec peu de vent ou un vent de derrière la consommation peut tomber à 8 litres à 70, pour atteindre 9,5 litres à 130, merci à la boîte à 9 vitesses, on y reviendra plus tard. Pour autant, à 130 sur autoroute avec un vent de face la consommation peut atteindre allègrement les 16 litres, en effet la Classe G a une surface de frottement dans l’air qui doit être l’équivalent de celle d’un voilier, cela fait sens à présent.

On remarquera aussi le regard amusé des passants, étonnés de voir une telle machine évoluer dans un centre urbain en temps de paix. De la stupeur de la par de certains, de la défiance de la par des autres à laquelle il faut répondre avec un grand sourire afin de leur aiguiser, à leur tour, un petit sourire en coin. Un autre aspect sociologique intéressant est l’annihilation de réaction des autres automobilistes a chaque fois que vous arrivez d’une rue perpendiculaire, même à gauche, on vous laisse la priorité, attention tout de même à ne pas prendre cela au pied de la lettre. Je vous l’ai dit, singulier ce Classe G.  

Pourtant malgrès ces grandes qualités on se résigne à passer le sélecteur en mode “Race” et a enfoncer la pédale d’accélérateur. La boîte à 9 rapports réagit au pas, et le moteur monte dans les tours en décollant presque le train avant du sol à la façon dragster Américain. Mais après une ligne droite, il y a (généralement) un virage, on saute sur les freins qui deviennent très vite surmenés pour arrêter les 2,6 tonnes de l’engin. En rentrant dans la virage la direction devient floue, le châssis échelle ne suit pas et n’est jamais en votre faveur ; Mais à la réaccélération, les 4 roues motrices arrachent le bitume grâce au couple débordant et le G 63 glisse même très sensiblement du train arrière avec sa nouvelle répartition 40/60 (contre 50/50 sur la génération précédente). 

Comment aborder le sujet de la conduite, un exercice si abject pour une telle voiture. 

Pourtant cette expérience ne révèle en rien les qualités de conduite du G 63. A rythme soutenu sur départementale il est très plaisant, grâce à son confort, à son moteur et surtout à ses nouveaux trains roulants. Il faut l’emmener dans ses limites dynamiques afin de lui trouver un défaut, ce qui n’est pas représentatif avec un Classe G. 

Et puis il y a le moteur, ses deux turbos logés entre les deux rangées de cylindres le font se comporter à la manière d’un atmosphérique avec une certaine linéarité et un couple qui se construit jusqu’au rupteur. On le sent gigoter dans son emplacement lors des petites mises en mouvement comme s’il voulait se désolidariser de son soubassement et partir loin, se loger dans une AMG GT R, là où il devrait être. Alors, un son rauque investit la cabine, comme si le V8 d’un hors-bords était logé dans le coffre. Les sorties d’échappement latérale viennent résonner dans la moindre petite rue, faisant transformer l’évolution urbaine en une exploration de salle des machines. 

A la conduite le Classe G est unique et est une expérience très différente des voitures contemporaines, on a l’impression de conduire une boite à chaussure ou bien un morceau d’histoire de l’automobile, au choix. Et c’est bien pour cela qu’il est attirant. 

Pensée : Si unique

Pourquoi le Classe G nous plait-il ? Nous qui avons tant aimé l’A110 et sa légèreté, la précision de l’AMG GT, la direction télépathique du Stelvio Quadrifoglio ! Sommes-nous devenus fous ? Non. Le Classe G, spécialement le G63 est unique, peu importe le moment, à quelle vitesse, le SUV de Mercedes vous rappellera que vous conduisez quelque chose de spéciale, avec une expérience si différente et éloignée des autres voitures et c’est en ça qu’elle nous plait tellement ! Nous avons développé un attachement pour cette armoire normande si particulier et si émotionnel qu’une consultation chez le psy s’impose. 

On a l’impression de conduire une boite à chaussure ou bien un morceau d’histoire de l’automobile, au choix. Et c’est bien pour cela qu’il est attirant.

Note, mention et conclusion

Note : 83/100

Extérieur – 18/20

Intérieur – 17/20

Moteur – 18/20

Dynamisme & Sensations – 13/20

Confort & Praticité – 17/20

Le G63 est une machine hors du temps, une fois avoir gravi le marchepied et s’être installé à place conducteur, une faille spatio-temporel s’ouvre à nous et le charme opère.

La machine à remonter le temps de Mercedes est sans réel défaut, une fois que l’on comprend que ses défauts sont seulement des traits de caractère. 

Un grand merci à Mercedes-Benz France, en particulier Julien et Jean-Luc !

Galerie photo :

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